Toutmosis III

thoutmosisIIIA la mort de la reine Hatchepsout, Thoutmosis III qui avait été écarté du pouvoir pendant presque 20 ans monte enfin sur le trône. Ce pharaon, dont le début du règne fut brimé par les prétentions de sa belle-mère, se révèle très vite être l'un des plus grands pharaons que l'Egypte ait connu. Les talents militaires dont le roi fait preuve laissent à penser qu'il a vécu sa mise à l'écart au sein de l'armée égyptienne.Dès son avènement, Thoutmosis doit faire face à une coalition menée par le prince de Qadesh, ville de Syrie qui se situe sur l'Oronte, et le roi du Mitanni dont le royaume se situe entre le Tigre et l'Euphrate. Le rétablissement de l'autorité égyptienne sur l'Asie va nécessiter pas moins de 17 campagnes militaires successives relatées dans les Annales de Thoutmosis III. Ces annales ont été gravées dans le temple de Karnak, sur les parois de la galerie qui entoure le saint des saints.La première campagne a lieu en l'an 22-23. Le roi s'empare de la ville de Meggido en Palestine après 7 mois de siège, puis continue en direction du nord vers le Réténou avant de rentrer à Thebes fêter sa grande victoire. Les peuples soumis sont assujétis à payer annuellement un tribut à l'Egypte.Lors de la seconde campagne en l'an 24 de son règne, le pharaon remonte vers le Naharina au nord de la Syrie pour une campagne qui ressemble plus à une démonstration de force qu'à une véritable guerre.La troisième campagne, en l'an 25, est une campagne de surveillance. Le souverain fait graver, suite à ce périple au Proche Orient, un "jardin botanique"dans une salle de Karnak où sont représentés différents spécimens de la faune et de la flore de Syrie, à l'instar de la reine Hatchepsout à Deir el-Bahari après son expédition au Pays de Pount ou du roi Niouserrê à l'Ancien Empire avec sa salle des "scènes des saisons".

Les efforts de Thoutmosis se portent ensuite sur le contrôle des ports des côtes syriennes afin de pouvoir transporter à l'avenir ses troupes par mer.Lors de la sixième campagne, en l'an 30 de son règne, Thoutmosis décide d'en finir avec le prince de Qadesh. Il s'empare de cette ville et dévaste son territoire. Il ramène à cette occasion les fils des princes syriens comme otages pour les élever à la cour pharaonique avant de les renvoyer dans leur pays. Cette politique habile, qui deviendra une constante par la suite en Egypte, permet de former les futurs chefs indigènes suivant la culture égyptienne et d'en faire des interlocuteurs privilégiés.La septième campagne sert à renforcer le contrôle de la côte syrienne. C'est en l'an XXXIII de son règne que Thoutmosis, lors de sa huitième campagne, atteint l'Euphrate. Une partie de l'armée du pharaon longe la côte par Gaza pendant que le reste de l'armée est acheminé par bateaux jusqu'à Byblos. Une fois réunies, les forces égyptiennes construisent de robustes barques fluviales en bois de cèdre qu'elles acheminent à travers le désert sur des chariots tirés par des bœufs. Parvenu dans la région d'Alep, Thoutmosis repousse les forces du Mitani au-delà du grand fleuve qu'il traverse à l'aide de ses barges. Il érige sur les berges une stèle commémorative, en pays Naharina, instituant ainsi l'Euphrate comme la frontière septentrionale de l'Empire égyptien. Après avoir pacifié le nord de la Syrie, Thoutmosis manque de périr au cours d'une chasse à l'éléphant et ne doit sa vie sauve que par la prompte réaction de son entourage.La neuvième campagne est une campagne d'inspection. Mais dès l'an XXXV, les princes du Naharina se révoltent, obligeant le roi d'Egypte à intervenir une nouvelle fois dans la région d'Alep.thoutmosisIII.jpeg
Le pharaon Thoutmosis III
Le roi entreprend chaque année de nouvelles campagnes pour pacifier la Syrie. La dix-septième campagne, en l'an XLII, est la plus importante ; c'est aussi la dernière campagne du roi déjà fort âgé. Il doit une nouvelle fois faire face à une coalition du roi de Mitani, des princes de Qadesh et de Tounip. Rapidement, les révoltés se retrouvent enfermés dans la ville de Qadesh qui ne résiste pas à l'assaut des troupes égyptiennes. La Syrie est enfin pacifiée et doit s'acquiter, comme ses voisins, d'un lourd tribut annuel envers le pharaon. L'Egypte est à l'apogée de sa puissance et impose son hégémonie pour plusieurs années au Proche-Orient.Grand bâtisseur, Thoumosis III entreprend pendant son règne de vastes travaux à Karnak dans le sanctuaire Ipet-sout dédié à Amon-Rê. Il fait notamment graver, sur les murs du sanctuaire, des Annales qui retracent l'histoire de ses campagnes militaires. Il érige les VIe et VIIe pylônes et construit l'Akh-Menou, temple servant à la régénération du roi lors de la fête-sed.Le roi accomplit également des travaux à Deir el-Bahari et Medinet Habou. Il fait agrandir le temple de Montou à Ermant. Il continue la décoration du temple rupestre de la déesse Pakhet à Béni Hassan. Il construit de nombreux monuments en Nubie, en Haute Egypte à Kôm Ombo, Tôd, Esna, Dendara et en Basse Egypte à Héliopolis et dans le Delta.

Thoumosis III est aussi un homme d'esprit. Il aime la botanique et la littérature. Il établit à Karnak une liste d'ancêtres (Akh-Menou) qui témoigne de sa piété et de son intérêt pour le passé. Son règne est prospère comme le prouvent la qualité et la richesse des décorations des tombes de ses sujets. Les tombes de son vizir Rekhmirê (TT 100) et du grand prêtre d'Amon Menkheperresoneb (TT86), chef des travaux du roi à Karnak, font partie des plus belles tombes du Nouvel Empire.Deux ans avant sa mort, le roi associe à son pouvoir Amenhotep II, le fils qu'il a eu de sa première épouse Méritré-Hatchepsout II. Le roi possède une seconde épouse, la reine Aah-Sat et de nombreuses concubines dont trois belles princesses syriennes (la tombe de ces princesses fut retrouvée, avec le tresor qu'elle contenait, non loin de Deir el-Bahari en 1916 après un violent orage qui provaca un glissement de terrain).

Thoutmosis III meurt vers l'âge de 60 ans. Il est enterré dans la Vallée des Rois dans une tombe à mi-hauteur de la falaise (tombe KV 34). Lorsque Victor Loret découvre son hypogée en 1898, la tombe est pratiquement vide. La momie du grand pharaon a été déplacée dans la cachette royale de Deir el-Bahari sous la XXIIe dynastie. Les parois de la tombe sont décorées par le livre de l'Am-Douat qui décrit la vision que les égyptiens ont de l'au-delà.

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